La NBA reprend demain avec les Lakers de Lebron James contre les Warriors de Stephen Curry.
L’occasion d’aborder l’un de mes sports préférés : le basket.
Mais chez Beyond The Court, on ne parle pas terrain. Je laisse ça aux (H)experts de Trashtalk et de First Team.
De notre coté, nous allons parler de la draft, des différences entre les ligues européennes et américaines et du défunt David Stern : l’homme qui a remis la NBA sur le droit chemin.
Mais avant de commencer, je précise que je serais à Paris dès demain jusqu’à la fin de la semaine. J’en profite pour organiser une rencontre entre abonnés.
Elle aura lieu demain (mardi) à 18h au Balou (9 Rue aux Ours). L’idée est de pouvoir échanger sur le sport business, le sport et bien d’autres sujets (cinéma, média, littérature) mais aussi pour apprendre à se connaître.
I. Le modèle américain de ligue fermée
Tout d’abord, le système américain est basé sur des ligues fermées. A contrario, les ligues européennes sont ouvertes.
Une ligue ouverte comme dans le football possède plusieurs divisions. Les meilleurs montent et les moins bons descendent.
En France, c’est le système de Ligue 1, Ligue 2, National. Idem en Angleterre, en Espagne et dans toute l’Europe.
Lorsqu’il n’y a pas de système de promotion/relégation alors on dit que la ligue est fermée. C’est ce système qui est appliqué aux US et notamment en NBA (National Basketball Association).
Les Magic d’Orlando (22V-60D)
Les Rockets de Houston (20V-62D)
Ces deux équipes ont terminé dernières de leur conférence la saison dernière. Mais elles n’ont pas été rétrogradées dans une division inférieure.
Comment je fais pour intégrer la NBA ?
Il y a plusieurs options pour obtenir une place dans la grande ligue. Mais toutes les options nécessitent une chose : un bon gros chèque.
2 milliards de $ : c’est la somme proposée par Phil Knight (fondateur de Nike) pour racheter les Portland Blazers.
Vous remarquerez que j’emploie le terme franchise (et non club). Cette sémantique indique la différence entre une ligue fermée et une ligue ouverte. .
Cette nuance a de vraies conséquences. Si j’achète une franchise alors je ne suis pas obligé de :
Conserver le nom de l’équipe
Rester dans la même ville.
Exemple 1 : Les Wawhington Bullets sont devenus les Wawhington Wizards en 1996 (pour avoir un nom avec une connotation mois négative).
Exemple 2 : Les Sonics de Seattle qui sont devenus les Thunder d’Oklahoma City (en 2008)
Mais il existe un autre moyen pour entrer dans la ligue. Le Commissionnaire (le boss de la NBA) peut décider d’ajouter des franchises à la ligue. Il s’agit d’une extension. La NBA annonce qu’une franchise peut être créée contre un droit d’entrée et un projet qui lui plaît.
1988 : Création du Heat de Miami
1989 : Création du Magic d’Orlando
1995 : Création des Raptors de Toronto
Une extension pourrait avoir lieu prochainement. La NBA a annoncé vouloir une équipe à Las Vegas d’ici 2024.
Et un certain Lebron James affirme vouloir être de la partie.
Il y a donc le modèle américain de ligue fermée, le modèle des championnats européens de football de ligue ouverte mais il existe aussi un modèle mixte avec l’Euroligue de basket.
À la ligue fermée vient s’ajouter un système que j’adore : la draft.
II. La Draft
La draft s’inscrit comme le moyen de rééquilibrer les forces entre chaque franchise.
Nous allons voir les conséquences d’un tel système ainsi que les plus grandes drafts de l’histoire.
A) La draft : un système de communiste ?
Il s’agit d’une grande loterie où les moins bien classés lors de la saison précédente peuvent choisir en premier les athlètes intégrant la ligue.
Les meilleurs joueurs universitaires et étrangers rejoignent donc les équipes les plus faibles de la ligue à l’instant T.
Certaines franchises ont vu leur destinée changée avec la draft d’un joueur.
Chicago Bulls
1983/1984 : Les Bulls ont un bilan de 27V-55D
1984 : Les Bulls « draftent » Michael Jordan
1998 : Les Bulls ont 6 titres de champion.
Suite au passage de Michael Jordan, tout le monde connaît la tunique rouge des Bulls.
B) Les conséquences d’un tel système ?
La draft permet de renouveler les équipes jouant le titre de champion tous les 3 ou 4 saisons. Il est difficile de faire un « back-to-back » (2 titres consécutifs) et presque impossible de faire un « three-peat » (3 titres consécutifs).
Les Warriors de Curry-Klay-Draymond et de KD ont échoué en finale.
Les derniers à avoir réalisé cet exploit sons les Lakers de Shaq et Kobe.
Et si les Bulls de Jordan sont si légendaires c’est parce qu’ils en ont fait deux.
À l’inverse, nous remarquons que le système européen ne permet pas une grande diversité de vainqueurs.
(Nombre de champions selon les ligues sur les dernières décennies)
Sur les 10 dernières années, le championnat allemand n’a été remporté que par deux équipes (Bayern Munich et Borussia Dortmund). La Série A fait mieux ou pire selon le point de vue avec 3 équipes championnes en 20 ans. Au contraire, en NFL, il y a eu 7 champions différents sur la dernière décennie.
Note : le système de ligue fermé et ligue ouverte n’est pas le seul facteur explicatif. Le fameux “toute chose étant égal par ailleurs” n’est pas respecté comme le salary cap qui n’existe pas dans les championnats européens de football.
La Draft et la ligue fermée sont des dispositifs complexes permettant aux franchises d’avoir une vision long terme. Elles n’ont pas une obligation de résultat à court terme avec une relégation possible.
Certaines franchises ont plus de réussites que d’autres :
Les New York Knicks sont dans les bas-fonds du classement depuis plusieurs années (hormis les play-off de 2020/2021).
Au contraire, les San Antonio Spurs ont bâti une dynastie de pratiquement deux décennies avec leur trio drafté.
Mais la draft pose un problème. Certaines équipes décident d’abuser du système.
C) Le problème de la draft : le tanking
Perdre peut devenir une stratégie optimale en NBA. C’est ce qu’on appelle « Tanker » ou « faire du Tanking »
Le but est de finir dans les derniers de la saison régulière pour avoir plus de chance d’obtenir un bon choix à la draft.
En l’absence de relégation, finir dernier est donc un excellent résultat.
Certaines franchises utilisent le système d’une ligue fermée à leur avantage. Il n’est pas rare de voir un General Manager appuyer sur le bouton rouge (c’est-à-dire échanger tous les gros contrats pour reconstruire et repartir sur des bases saines).
C’est le fameux « Trust the process » des Sixers qui ont récupéré Ben Simmons et Joel Embid à la draft grâce au Tanking.
Mais cette pratique est un énorme problème pour la NBA.
Certaines rencontres deviennent des parodies où les deux équipes ne souhaitent pas gagner.
Adam Silver (le commissionnaire de la NBA) a mis en place des mesures pour limiter le Tanking.
Le Play-in : 10 équipes sur 15 peuvent se qualifier en play-off donc plus d’équipes sont concernées et vont se battre pour y participer
Réduction des chances d’avoir le premier pick de draft pour les derniers de la ligue (réduire l’incitation à finir dernier).
Tout est fait pour essayer d'éviter cette pratique. Ce n'est pas bon pour le business de la NBA.
Toutefois, on me dit dans l'oreille que ça va « tanker » fort en NBA la saison prochaine.
« On a parlé de plein de “Licornes” ces dernières années mais lui c’est plutôt un OVNI. J'ai jamais vu.. Personne n'a jamais vu quelqu'un comme ça. Être aussi grand tout en étant aussi fluide et gracieux sur le terrain. » (Lebron James)
Le King parle de la future star de la NBA : le français Victor Wembanyama. Malgré son âge (18ans) et sa taille (2m22), Victor sait tout faire sur un terrain
Son shoot est excellent
Ses mouvements sont fluides. Pour un gars de 2m21 c'est irréel.
Certains de ses « moves » sont « Jordanesque »
Sans mentionner les qualités inhérentes à sa taille pour dominer dans la raquette (et des deux côtés du terrain). Je vous laisse admirer l’OVNI en action
Adam Silver (le commissionnaire de la NBA actuel) a aussi craqué en parlant du français. Certains General Manager ont annoncé tanker pour obtenir la pépite française. C’est la Wembanyama Mania outre Atlantique.
De mon côté, je pense que Sam Presti (le GM du Thunder) va utiliser les picks qu’il a accumulés pour monter dans la draft et s’assurer le pick numéro 1.
D) David Stern
Voici les trois plus grandes drafts de l’histoire :
Draft 1984 : Akeem Olajuwon ; Michael Jordan ; Charles Barkley ; John Stockton
Draft 1996 : Allen Iverson ; Stephon Marbury ; Ray Allen ; Kobe Bryant ; Steve Nash
Draft 2003 : Lebron James ; Carmelo Anthony ; Chris Bosh ; Dwayne Wade
En parlant de draft, je suis obligé de mentionner David Stern : le commissionnaire de la NBA pendant 30 ans.
Si la NBA est la plus grande ligue au monde, c’est grâce à cet homme.
Pour y arriver, il a fait des choses plutôt limites sur l’équité sportive. En effet, la NBA est une entité privée où le business est roi. David Stern l’incarnait parfaitement.
Il avait affirmé que sa finale préférée serait les Lakers contre les Lakers.
L’affaire de l’enveloppe froide pour favoriser les Knicks à la draft.
Les potentiels arbitres corrompus
Il y a tant à dire sur David Stern que je lui dédierai peut-être une Newsletter.
En attendant, je vous invite à regarder cette vidéo de trashtalk suite à son décès en janvier 2020.
Et je vous laisse avec le dernier pick de draft annoncé par la légende (et la passation de pouvoir avec Adam Silver).
Pour ceux qui viennent à la rencontre abonnée, je vous dis à demain. Les autres rendez-vous jeudi pour un nouvel épisode du podcast sur le monde de l’e-sport.